Etienne Krähenbühl

...Des sculptures qui chantent, qui dansent, lourdes et légères, ludiques et graves. Une longue conversation passionnée, la traversée de la forge de Vulcain ! Depuis quarante ans, Krähenbühl dompte le métal et parle avec lui...
...On pourrait faire une liste de contraires : le stable et le mobile, le solide et le fragile, le transitoire et l’éternel, le corrodé et le lisse, le sonore et le silencieux, le lourd et l’aérien, le fer et le papier, le grave et le ludique, et ainsi de suite…
...Une chose est sûre : Il n’aime que le métal, il n’y a que le métal qui lui parle.
Métal vivant, comme un corps, comme une peau, que le temps corrode. Métal traversé d’ondes, qui le font vibrer, qui lui donnent sa voix, métal soulevé par la brise.
Voir ses Bing Bang ! Le plus lourd pèse quatre tonnes et un rien l’anime, il peut émettre un fracas de tonnerre et un murmure à peine perceptible…
....Très souvent le mot gravité revient dans les propos de Krähenbühl. La force de la gravité, mais aussi celle des pensées que ces sculptures suggèrent.
Encore plus souvent, le mot temps : on ne côtoie pas impunément un matériau qui parle d’éternité, mais que le temps corrompt, corrode… La rouille, c’est un
hâle léger, mais la corrosion, c’est le temps qui s’inscrit dans la chair du métal. Le temps, c’est aussi le temps infini passé à tordre, découper, limer, souder, poncer.
C’est une fatigue infinie, des mains abimées, un dos brisé, un travail épuisant. Pour aller d’où à où ? De l’idée qui surgit dans l’esprit, légère, impalpable, jusqu’à l’œuvre achevée.
Au départ, il y a la poésie. Et au bout du chemin, la poésie.

Extraits émission «Comme il vous plaira» RTS

« L’artiste se joue des propriétés physiques des matériaux. Il crée des œuvres dans lesquelles le son, le mouvement, le contraste entre monumentalité et fragilité acquièrent des rôles de premier plan. Produits d’une compréhension profonde des
possibilités d’expression de la matière, les sculptures d’Etienne Krähenbühl nous proposent une nouvelle et fascinante réflexion sur nous-mêmes et sur ce qui nous entoure. »

Joan-Francesc Ainaud